J'crois que chez moi c'est le bordel. Ouai. Enfin physiquement parlant quoi. Je crois pas avoir l'allure du prince charmant... Même si les cheveux blonds ça aide. Quoi que vu le soin que je leur apportent, ça serait plutôt une tare qu'autre chose. Mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas que le physique qui compte ? ... Ben je suis pas sorti de l'auberge moi, j'vous le dis.
Chez moi, ce que je déteste le plus à part ça, c'est mon nez. J'ai un nez trop long. Affreux. Et toujours rougis. Je sais pas pourquoi d'ailleurs. Enfin si, ça doit être quelque chose de génétique... Mon père était pareil. Parait-il que ça a son charme... Mais bien sûr, c'est juste pour tenter de me rassurer. Enfin je dis ça, mais y a pas mal de filles qui trouvent ça attendrissant... J'ai une tête de peluche ? Non, bon.

Tient, parlons en de ma tête. J'ai une face très... Carré ? Enfin marquée quoi. On m'a souvent fais remarquer que mes lèvres étaient toujours pincées, un peu comme si quelque chose me gênait en permanence. C'est peut-être l'effet de mon pif... Ce truc énorme dont je vous ai parlé.
En me regardant mieux n’empêche, je me dis que c'est pas très intelligent de porter des lunettes de soleil, avec un tel nez. Mais j'ai une bonne raison ! Oui, oui, je vous jure. C'est à cause du poker. J'dis pas que j'y joue, pas du tout même, mais les joueurs ont souvent quelque chose pour cacher leurs expressions. Ce petit truc pour qu'on ne sache pas s'ils bluffent. Les lunettes de soleil en font parties. Moi je trouve ça sympa, 'pour ça que j'en porte. En plus, je dois avouer que finalement, malgré mon nez, ça fait pas si laid.

Hé, hé... Ben quoi, j'ai le droit d'aimer un truc chez moi ? Même si techniquement, les lunettes ne sont pas une partie de mon corps... Dommage. Ou pas. J'ai déjà assez une tête de geek, alors imaginez que j'ai vraiment des lunettes rattachées à mon corps hein ! Je serai comme un acteur de science fiction... Mais lequel je sais pas. Je m'y connais pas en SF.

Ouai, parce que bon. On a beau me prendre pour un geek, j'en suis pas un. Enfin, j'en ai l'allure. Je suis grand et j'ai la fâcheuse tendance à être voûté... Un mètre quatre-vingt, ça vous tue une vie sociale. Toujours devoir se pencher sur les autres, c'est énervant. Je suis pas très, très musclé non plus. J'ai tenté, ça m'a ennuyé. Tant que je suis pas un maigrelet, ça me va.
Après, tout part en cacahuète avec mon style vestimentaire. Je ne sais absolument pas m'habiller. Un pull, un jean, puis basta, y a pas besoin d'accorder autre chose... J'avoue même être sorti avec un pantalon orange et un pull jaune une fois... Depuis, j'évite le orange.

Boarf, au final... Je m’accommode de mon petit moi-même. J'suis sûr que dans les bouquins je trouverai de quoi faire un ravalement de façade... Héhé.

Euh... Oui, donc on en est là. Mental... Le cerveau quoi. J'veux pas me vanter - bon si un peu quand même - mais je suis très intelligent. On me l'a toujours dis. La psychologue entre autre. Mais le truc, c'est que j'ai beau avoir un QI au-dessus de la moyenne, j'ai tout juste la flemme de résoudre une addition. J'exagère un peu... Mais disons que je n'aime pas mettre en avant cette partie de moi. A quoi bon ? Etre intelligent ça apporte que des ennuis. Dès que tu sais quelque chose, faut que tu le prouves par A + B, que tu bosses encore plus, pour aider les autres et blah blah blah... Non, moi j'aime pas aider les autres.

Vous avez du le remarquer, je suis assez pessimiste. J'ai tendance à voir le côté noir des choses. C'est pas ma faute, j'vous le jure, mais je peux pas m’empêcher de trouver la p'tite bête dans les conversations. Les gens finissent cependant par s'y habituer et prennent même ça à la rigolade. A croire que j'ai une tête de bouffon quand j'parle...

Mais je suis pas le comique de service. Ou plutôt, je ne le fais pas exprès. Le problème c'est que je m'épanche sur des sujets sérieux, avec... Un tel sérieux que ça en dévient bizarre, drôle. Je crois que je ne suis pas fais pour ma propre intelligence... Je le vis affreusement mal. Quand je pense, je m'éparpille partout. J'ai le goût du savoir, mais jamais pour les bonnes choses. Quand certains connaissent les guerres historiques sur le bout des doigts, moi c'est le voyage de Gulliver que j'essaie de décortiquer.

Ouai, je dois être un peu décalé... Je connais des choses à côté de la plaque. J'ai un humour vaseux, un pessimisme à faire pleurer une gamine de huit ans, je dévore les bouquins les plus chiants comme toi tu manges un steak tartare, et en plus... J'ai oublié le goût de la bienséance.

Ma vie j'aime pas en parler de fond en comble... alors je dis qu'elle est pas exceptionnelle, même si c'est faux sous un certain point de vue... J'ai eu une enfance comme tout le monde, si j'oublie quelques passages moins glorieux.

Très vite, chez moi on a remarqué que le QI était plus développé. Mais on s'en fou pas mal, puisque ça m'a pas aidé. Ça a même été le contraire. Enfant précoce qui s'ennuie en classe... Qui ne fiche rien. Ouai, j'avais des résultats minables à l'école. J'ai même voulu arrêter après le collège... Oui, enfin jusqu'à ce que je me prenne une baffe en pleine tête. Mon père a le don de savoir vous remettre les idées en place.

J'ai donc été obligé de suivre des études supérieurs. On s'attendait à ce que je fasse des trucs de scientifique, alors que moi les chiffres, ça n'a jamais été ce que je préfère... J'aimais mieux les livres. Mon meilleur ami était d'ailleurs le fils du bibliothécaire de la ville... Enfin tout ça on s'en moque pas mal.

Venons en au fait. Au cap de la vingtaine, j'étais à la fac. Je faisais pas grand chose et pourtant je m'en sortais plutôt pas mal. J'vivais un peu comme je l'entendais, je rentrais à des heures pas possibles et je continuais à rêver d'une vie d'aventures, un peu comme Gulliver. Mais c'était bien beau de lire des bouquins et tout, ça n'était pas ça qui me mènerait vers mes envies de découvertes.

Si l'annonce de mon départ à provoquer plus de cris de la part de ma mère, que de joie et de bonne humeur, le fait était là, je n'étais pas près à rester une seconde de plus au milieu de la Croatie. Dans mon envie un peu folle, j'avais même décider de partir en Afrique... Yeah man, allons fumer le calumet de la paix ! Mais je crois qu'au passage, les vapeurs de "Marie-Jeanne" m'on complètement détruis le cerveau...

Et pour cause. La veille de mon départ, mes amis et moi, on avait fais la fête. Une superbe fête d'Adieu quoi. Je racontais un peu tout et n'importe quoi à ma copine du moment. On marchait dans la rue, ou titubait selon le point de vue... J'ai dérapé sur le macadam et tandis qu'elle rigolait, pensant à une blague, je me suis étalé sur le bitume, ma tête cognant joyeusement sur un air de tam-tam Africain.

J'ai eu mal. Affreusement mal, puis j'ai doucement fermé les yeux, riant ou pleurant, je sais même plus. Tout autour de moi est devenu... Bizarre. J'étais pas dans mon état normal, alors je n'ai jamais su vraiment dire. Tout juste si j'ai pu me fier à l'expérience des autres enfaîte.

Enfin, comme tout le monde, je me souviens de cette lente chute. Horrible et lente, dans un ailleurs que je ne connaissais pas. En atterrissant, je n'ai pas trop su quoi penser... Enfin si, y a une chose que j'ai très vite percuté :
Ouai, j'ai longtemps cru que tout ça, c'était un rêve du à l'alcool. Mais c'est pas parce que j'avais mal à mon "Gulliver" [size=9](référence à Orange Mécanique) que c'était vraiment le cas...

Depuis je suis là, par là ou ici. Je sais pas. J'y réfléchi, mais j'ai pas encore de réelle conclusion. Tout ce que je sais, c'est que je suis pas arrivé d'une manière franchement glorieuse...

"Fumons le calumet de la paix mon frère, que j'oublie un peu que tu m'causes... Parce que sérieux... Tu m'prends la tête."